Avertissement : ce billet raconte l'histoire de L'éternel mari, si vous ne voulez pas la connaître ne le lisez pas.
Intrigue
Habitué à briller en société, Alexis Ivanovitch Veltchaninov se détache pourtant du monde au début du roman, à cause de son hypocondrie. Empêtré dans un procès au sujet d'un héritage, il cherche à s'impliquer pour le faire avancer, mais son action semble plus néfaste qu'autre chose.
Il finit par comprendre que tous ses maux proviennent d'un homme qu'il croise fréquemment depuis quelques jours, un homme qui porte un chapeau de crêpe (signe de deuil). Il essaie de lui parler, mais celui-ci s'enfuit. Une nuit, Veltchaninov s'aperçoit que l'homme est en bas de chez lui et rentre dans son immeuble. Quand celui-ci essaie d'ouvrir, Veltchaninov l'attend devant sa porte et le reconnaît : il s'agit de Pavel Pavlovitch Troussotzky, un fonctionnaire qu'il a connu quelques années auparavant dans une petite ville. Troussotzky lui explique que sa femme, Natalia Vassilievna, est morte en début d'année. Pour Veltchaninov, le coup est rude : durant l'année qu'il a passé en compagnie de Troussotzky, il était en effet l'amant de Natalia Vassilievna, dont il était éperdument amoureux et qu'il a quitté uniquement car elle lui disait être enceinte, afin de ne pas éveiller les soupçons de son mari. Las, peu après, elle lui envoyait une lettre lui expliquant qu'elle s'était trompée sur sa grossesse, mais qu'il ne devait pas revenir.
Quand Veltchaninov discute avec Troussoktzy, il lui apparaît que ce dernier a un comportement étrange. Il semble, en même temps, le considérer comme un véritable ami, et être au fait de sa relation avec son épouse. Veltchaninov ne soupçonnait pas qu'il puisse être au courant, car selon lui Troussotzky est "un éternel mari", un homme qui ne vit que pour son épouse, la croit fidèle, et se fait en réalité tromper sans jamais soupçonner quoi que ce soit. Quand il apprend que Troussotzky a découvert que sa femme avait eu un amant pendant des années (après le départ de Veltchaninov) grâce à des lettres découvertes après son décès, il se croit tranquille, n'ayant jamais envoyé de lettre à Natalia Vassilievna.
Se rendant à l'hôtel où loge Troussotzky, Veltchaninov découvre que celui-ci est venu avec sa fille, Lisa, dont il ne tarde pas de comprendre qu'elle est en réalité sa fille. Troussotzky la maltraite, l'effraie, et Veltchaninov comprend qu'il se venge ainsi de lui. Sans que Troussotzky ne lui oppose de résistance, Veltchaninov emmène Lisa chez un couple d'amis ayant beaucoup d'enfants, pensant que le climat sera plus favorable à Lisa. Mais la petite fille tombe malade, elle aimerait voir son père mais il refuse de venir, et elle finit par mourir, ce qui provoque la détresse de Veltchaninov. Errant pendant deux semaines, il s'interroge : avec la perte de Lisa, n'est-il pas passé à côté de ce qui aurait donné un sens à sa vie ? Comment son père pouvait-il la traiter ainsi, alors qu'il paraissait véritablement l'aimer ? Veltchaninov ne cesse de retourner les mêmes idées dans sa tête, au point que la nouvelle de l'arrangement de son procès le laisse sans indifférent.
Un jour qu'il quitte le cimetière où est enterrée Lisa, il tombe sur Troussotzky, qui lui annonce qu'il va se marier. Non sans peine, celui-ci le convainc de venir dans la famille de sa future femme. Veltchaninov comprend rapidement que Troussotzky l'a présenté comme un bon parti pour l'une des nombreuses filles de la maison, et il se fait un plaisir de jouer sa partition d'homme de société, séduisant parents, enfants et invités par sa verve et sa bonne humeur, tout en songeant avec dégoût à ce qu'il fait. Veltchaninov comprend aussi que la jeune promise ne veut pas entendre parler de Troussostzky, qu'elle prend un malin plaisir à faire tourner en bourrique. On retrouve l'éternal mari, inconscient des sentiments qu'on lui porte, et croyant toujours à son amour - à une nuance près cependant : cette fois, il ne veut pas laisser Veltchaninov prendre sa place.
Lorsqu'ils se retrouvent seul, Veltchaninov explique à Troussotzky qu'il l'a provoqué en le menant chez sa supposée future épouse, mais tandis qu'il s'énerve, celle-ci arrive en compagnie de son prétendant, un jeune prétentieux qui explique à Troussotzky qu'il ne faut pas compter sur le mariage. Lorsque les deux amoureux s'en vont, Troussotzky s'énerve à son tour. L'orage gronde, et le foie de Veltchaninov le fait souffrir. Avec Mavra, la bonne, Troussotzky prend soin du malade en lui appliquant des assiettes chaudes sur le ventre afin d'apaiser sa douleur. Bon an mal an, tout le monde s'endort, mais Veltchaninov cauchemarde. Tout à coup, il se réveille, et dans le noir, comme guidé par quelqu'un, il se lève et avance les bras en avant vers l'endroit où Troussotzky devrait dormir. Aussitôt, sa main rencontre un objet, qui la transperce - un rasoir : Troussotzky était là, prêt à le tuer. Bien que beaucoup plus fort que lui, Veltchaninov a toutes les peines à le maîtriser, mais il y parvient enfin. "Les comptes sont réglés." Veltchaninov se sent soudain soulagé, libéré. Il reçoit bientôt une lettre, transmise par Troussotzky : celle, jamais envoyée, dans laquelle Natalia Vassilievna lui révélait qu'elle était bien enceinte, qu'il était le père de l'enfant, mais qu'elle en aimait un autre.
Deux ans plus tard, Veltchaninov a reprit sa vie d'homme du monde, et voyage en train afin de retrouver un ami, et aussi de rencontrer une jeune femme sur laquelle il a des vues. Arrivant dans une gare, il intervient pour défendre une femme, elle aussi à son goût. Elle est avec un jeune homme aviné, et ce n'est pas sans surprise qu'il voit surgir son mari : Troussotzky. Une fois de plus, l'éternel mari est là, inconscient que le jeune homme est l'amant de son épouse, et pétrifié quand elle lui explique qu'elle a invité Veltchaninov à venir chez eux. Troussotzky lui fait promettre qu'il ne viendra pas, mais au moment de la saluer, Troussotzky refuse la main tendue. Rieur l'instant précédent, Veltchaninov bout. Il lui tend sa main gauche, dans laquelle reste la trace de l'agression, et lui dit que si lui lui tend cette main, il pourrait bien la prendre. "Et Lisa ?", lui répond Troussotzky tremblant, puis en larmes. Au même instant, le train doit partir, Troussotzky, qui doit le prendre, trouve la force de courir pour monter dedans, tandis que Veltchaninov demeure sur place, affecté. Il renonce à aller voir une jeune femme qu'il hésitait à rencontrer, n'ayant pas l'humeur à cela - "Mais comme il le regretta plus tard !".
Personnages
Le personnage de Veltchaninov est un jouisseur, que la rencontre de Pavel Pavlovitch ramène vers le sens, mais qui s'en retire vite une fois les comptes réglés. De la même manière, Pavel Pavlovitch ne cherche pas à s'entêter dans le sens, il cherche à reconstruire, et reproduit le même schéma qu'avec Natalia Vassilievna. Cependant, la douleur reste vive, et il suffit d'évoquer Lisa, comme à la fin, pour que l'un et l'autre soient bouleversés.
Lisa, justement, fait penser à Nelly, d'Humiliés et Offensés, voire à Ilioucha des Frères Karamazov, autant de personnages enfantins qui doivent affronter un poids trop lourds pour leurs épaules. Le sentiment partagé d'amour et de haine, réccurrent chez Dostoïevski, est bien matérialisé dans la relation entre Lisa et son père, de même qu'entre celui-ci et Veltchaninov.
lundi 29 septembre 2008
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