jeudi 4 décembre 2008

Extrait : Résurrection (Tolstoï), le pardon et le jugement

Nekhlioudov s'interroge et lit les Evangiles. En lisant la scène où Jésus indique à Pierre de pardonner "septante fois sept fois", le sens profond du pardon lui apparaît. (Troisième partie, chapitre XXVIII)

Il voyait désormais clairement que les maux effroyables dont il avait été le témoin dans les prisons et les maisons de force ainsi que la tranquille assurance de ceux qui en étaient responsables, provenaient seulement de ce que les hommes voulaient entreprendre l'impossible : quand on est mauvais, peut-on corriger le mal ? Des êtres vicieux voulaient corriger d'autres êtres vicieux et s'imaginaient y parvenir par les châtiments corporels. Il en résultait que des êtres cupides et besogneux faisaient profession d'appliquer ces châtiments, ces redressements prétendus tels, s'y étaient pervertis eux-mêmes au dernier degré et ne cessaient de pervertir ceux qu'ils faisaient souffrir. Maintenant il avait une claire vision de toutes les horreurs qu'il avait observées et de ce qu'il fallait faire pour les supprimer. La réponse qu'il n'arrivait pas à trouver était celle-là même que le Christ avait faite à Pierre : il faut pardonner toujours et à tous, pardonner un nombre incalculable de fois, parce qu'il n'y a pas d'homme qui ne soit pas coupable et, pour cette raison, inapte à punir ou à corriger.

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