samedi 28 mars 2009

Deux fois deux : quatre

J'ai récemment lu Père et fils, d'Ivan Tourguéniev, dans lequel on trouve la phrase suivante :

"L'important est que deux fois deux font quatre, et tout le reste n'est que du vent."

Cette déclaration est faite par Bazarov, l'un des personnages principaux (sinon le personnage principal), et elle m'a immédiatement fait penser à un passage [1] du Sous-sol, de Fédor Dostoïevski, dans lequel la formule est reprise, pour montrer l'impasse qu'elle représente et son antagonisme profond avec la nature humaine, dont le but serait plutôt d'avancer que de découvrir des vérités absolues. Je me suis donc demandé si l'une des deux phrases pouvait faire écho à l'autre, et cela ne semble pas totalement impossible puisque le roman de Tourguéniev a été publié en 1862, tandis que l'ouvrage de Dostoïevski date de 1864. J'ai fait quelques recherches supplémentaires sur internet pour voir si la parenté était avéré, mais je n'ai rien trouvé...

[1] "C'est par une fourmilière qu'ont débuté les dignes fourmis, et il est probable que tel sera aussi le terme de leur carrière, ce qui fait honneur à leur constance et à leur sens pratique. Mais l'homme est un être versatile, et il se peut que, semblable au joueur d'échecs, il n'aime que l'action lui-même et non le but à atteindre. Et, qui sait ? (on ne peut s'en porte garant) il se peut que le seul but vers lequel tende l'humanité ne consiste que dans cet effort, dans cette action ; autrement dit : la vie n'aurait pas de but extérieur, lequel ne peut évidemment être que ce "deux fois deux : quatre", c'est-à-dire une formule. Or, deux fois deux : quatre, messieurs, est un principe de mort et non un principe de vie. En tout cas, l'homme a toujours craint ce "deux fois deux : quatre", et moi aussi j'en ai peur." (Le Sous-sol (chapitre IX), Dostoïevski)

Aucun commentaire: